Suggestions de lecture et bibliographies
Nos suggestions de lectures parmi les nouveautés 2009
Didier Decoin, Est-ce ainsi que les femmes vivent ?
« Tout est affaire de décor »… (Louis Aragon, Est-ce ainsi que les hommes vivent)
Le décor, ici, c’est le Queens, un quartier insalubre et dangereux de New York. Un soir de mars 1964, Kitty Genovese y est sauvagement assassinée. Une enquête est ouverte : Qui est le criminel ? Le psychopathe qui se régale de corps sans vie ? Les 38 témoins muets qui pourtant ont assisté au martyre ?
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David Toscana, El Ultimo lector
Dans un village asséché du Mexique, le corps d’une enfant est retrouvé sans vie. Dans sa bibliothèque déserte, Lucio, trie et censure les livres selon ses choix. Il assemble aussi , et selon sa fantaisie, quelques phrases de romans, pour ré-écrire l’histoire de la petite disparue, ou d’autres histoire encore… Un étonnant mélange de littérature et de réalité, de mort et d’amour, de désert et de couleurs … avec une écriture débarrassée de tous les codes traditionnels.
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Annie Saumont, La Terre est à nous
Annie Saumont tient sa plume comme on tient une caméra : elle filme des instantanés, les fige, puis se dirige ailleurs, plus loin, s’arrête, insiste sur l’image, la zoome, la fouille ; elle amplifie le son, et puis, brutalement, tout s’éteint. Ce nouveau recueil de nouvelles réalise quelques gros plans : un maniaque névrosé qui dénonce parce que tout doit rester en ordre, un cambrioleur repenti (repenti ?), un cabinet de psy, des années jeunesse bien douloureuses…
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Laure Buisson, La Reine des mousselines
Un conte de fée qui tourne très mal : voici la descente aux enfers d’une jolie princesse, qui sur son parcours sinueux effeuille tout à tour ses caprices, ses rêves, ses paillettes, ses amours ! Cette fable douce-acide dénonce l’artifice et célèbre la vérité, la vraie !
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Atiq Rahimi, Syngué sabour
Quelque part en Afghanistan, une femme veille son mari immobile, plongé dans le coma. A mesure qu’elle égrène un chapelet noir, elle déroule lentement les secrets, les morsures de sa vie. Après des années d’enfermement et de silence, la parole lui est donnée ; la parole qui conduira à la libération ou peut-être à l’éclatement ? Les mots sont courts, inondés de larmes et de brefs éclats de lumières. Cet ouvrage, ciselé entre les cris et les hurlements, ce petit texte, à la fois roman, mélopée, poésie, est aussi un hymne à la femme, et un regard désolé et impuissant sur de trop nombreuses vies empêchées.
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Alain Nadaud, Le Passage du col
Le livre s’ouvre entre ciel et terre, sur un poste-frontière entre le Tibet et la Chine. C’est là qu’un écrivain en mal de mots a choisi de reprendre souffle. Mais dans ce bout du monde, au-delà du col, la Nature est violente et souveraine, on parle une autre langue, on ne pense pas « aujourd’hui », mais « au-delà », on se débarrasse de soi pour mieux grandir, on lit Lumière là où d’autres lisent Nuit … et on réunit dans un même présent, un petit pêcheur de la Grèce antique, un légionnaire romain, un moine copiste, un archéologue solitaire…
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Ana Clavel, Les Violettes sont les fleurs du désir
Julien a hérité de la fabrique de poupées de son père. Mais aujourd’hui, désenchanté, abîmé, troublé par la vie, il décide de créer une nouvelle « gamme » de poupées : ce sont des poupées-pansement, des poupées de substitution, qui connaissent un succès considérable, non plus auprès des enfants, mais auprès des adultes. Confession à la fois scandaleuse et pudique, introspection au cœur de la perversité, ce roman est aussi une méditation poétique sur l’art, le parfum, la folie. Ana Clavel, plasticienne et romancière, a l’art et la manière d’exprimer l’intolérable.
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Norma Huidobro, Le Lieu perdu
A Villa del Carmen, le temps paraît figé : chaque jour le soleil dessine dans le ciel les mêmes couleurs jaunes, orangées, rouges ; les ruelles pavées ou en terre battue glissent en silence entre les maisons ; les « tamales » chatouillent le gosier et les « tipas » barbouillent la campagne d’un jaune insolent ; les habitants s’y posent pour la vie, ou bien s’enfuient vers la capitale. Alors, seules quelques lettres, très rares, sortent du village pour raconter à la ville « le temps suspendu » ; et de Buenos Aires, arrivent des mots différents, qui disent la foule, le bruit, la fantaisie… Lorsque Ferroni quitte la capitale pour entrer dans ce village, ses intentions semblent bien douteuses ! Lui, le maître des aveux arrachés, saura-t-il réveiller ces êtres immobiles ?
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Danièle Saint-Bois, Marguerite, Françoise et moi
Lorsqu’une « écrivaine-en-mal-d’amours-de-Lettres » se mue en boulangère, lorsqu’une grande Parisienne se mue en petite provinciale, lorsqu’une boudeuse de romans se mue en croqueuse de romans, lorsqu’une citoyenne désappointée ose la grogne … cela se traduit par : des pages croustillantes comme le bon pain, des mots pétris de fraîcheur et de mauvaise humeur, des mots rangés entre les croissants et la petite monnaie, des mots qui fleurent bon la littérature classique ou moins classique, des mots où se glissent parfois les poèmes de Prévert, un air de saxo de Boris Vian, les chansons de Jacques Brel, de Barbara ou de Maxime Leforestier… et encore, des mots-valises, des jeux de mots…. une régalade de mots !
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Philippe Besson , La Trahison de Thomas Spencer (Julliard)
La confession d’une amitié brisée, sur un fond historique : L’histoire des Etats-Unis, de 1945 à 1975, depuis Hiroshima jusqu’à la guerre du Vietnam. L’auteur y développe les thèmes que l’on retrouve dans toute son œuvre littéraire : La rupture, la mort, l’absence, l’abandon Une écriture sensible, rythmée, visuelle
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Valérie Boronad , Los Demonios (Belfond)
La quête du père absent, et, en filigrane, la dictature en Argentine, et la « guerre sale » conduite par la junte militaire, de 1976 à 1983. Un ouvrage polyphonique, qui mêle les voix réelles et les voix imaginaires, qui confond les dates et les lieux, qui embrasse tous les styles littéraires : roman, théâtre, poésie, conte
NB : L’auteur a décidé un jour, par hasard, de devenir écrivain ; elle avait six ans. Depuis lors, elle a envoyé ses écrits (poèmes, nouvelles, appréciations littéraires) à Simone de Beauvoir qui lui a promis une belle carrière d’écrivain !
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Nicolas Pelletier , Mon roi (Fayard)
L’ hommage plein de délicatesse et d’amour d’un fils pour son père, victime brutalement d’un accident cérébral qui le laisse lourdement handicapé.
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Nan Aurousseau , Le Ciel sur la tête (Stock)
Un récit sombre et très juste sur l’enfer de l’univers carcéral dans lequel ont plongé quatre adolescents. Mutineries, règlements de compte, acharnements, chantages, terrorismes, injustices, persécutions… la liste est illimitée.
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Frédérique Deghelt , La Grand-mère de Jade (Actes Sud)
La cohabitation tout aussi improbable que savoureuse entre Mamoune (Grand-mère de quatre-vingt ans, attachée à son petit jardin savoyard) et Jade (sa petite fille, journaliste à Paris). Subtile fusion des contraires : contrainte et liberté – hier et aujourd’hui – turbulence parisienne et torpeur campagnarde – amour et badinage – sagesse et déraison,… Un roman très attachant, et aussi un très bel hommage à la lecture et à l’amour.